Composé en 1785, à Vienne, ce 19ème quatuor à cordes clôt la série des "Six quatuors dédiés à Joseph Haydn", que l'on considère comme une référence dans l'évolution de cette forme musicale.
Mozart, pendant cette période d'intense création, approfondit sa connaissance de l'art contrapuntique de J.S. Bach et de Haendel (cercle du Baron Van Swieten) et s'imprègne de l'esprit maçonnique (il devient franc-maçon un mois avant l'écriture du quatuor "des dissonances").
Ce quatuor est écrit sur le modèle mis au point par Joseph Haydn, en quatre mouvements : allegro, andante, menuetto, allegro. Ce modèle, Mozart le découvre au cours de son séjour à Vienne de 1781 : Haydn l'invite a jouer ses six quatuors de l'opus 33. Le compositeur est au violon ainsi que von Dittersdorf, Mozart est à l'alto, Vanhal au violoncelle.Les "Six quatuors dédiés à Joseph Haydn" constituent le troisième cycle de quatuors, après les "Milanais" et les "Viennois" et avant les "Prussiens".
Composés entre 1782 et 1785, leur écriture est beaucoup plus aboutie que pour les précédents, antérieurs de neuf années. Mozart est maintenant un adulte et la rencontre de 1781 constitue un moment essentiel de sa réflexion sur son oeuvre.
La genèse des trois premiers (14, 15, 16) demandera trois années alors que les trois derniers seront composés en à peine deux mois.
Les six quatuors sont joués, devant Haydn, en deux auditions les 15 janvier et 12 février 1785.
1er mouvement : adagio, allegro
Contraste violent entre l'allegro lumineux et l'introduction (adagio) ténébreuse qui donne son titre au quatuor "des dissonances". Mozart accumule les dissonances de la seconde (lab-la) du triton (mib-la) dès les deux premières mesures et y ajoute de nombreux chromatismes ascendants et descendants dans les mesures suivantes; en tout, un nombre de mesures (22) ne correspondant pas à la carrure habituelle.
Ecoutons ces deux premières mesures :
Adagio entier
Mentionnons que Mozart a été intronisé franc-maçon le 14 décembre 1784, soit quelques jours avant la composition de cet adagio. Faut-il y voir "le chaos", "l'obscurité" (dissonances) avant "la lumière" (allegro) des thèses maçonniques ?
Ecoutons le thème A de l'allegro :
Cet allegro est une forme sonate mais trithématique (symbole maçonnique ?), structure qu'on retrouve dans le quatrième mouvement.
Thème B :
Thème C :
Vidéo du 1er mouvement : adagio - allegro
2ème mouvement : andante cantabile
La forme lied habituellement choisie est remplacée par une forme sonate sans son développement.
Le premier thème est plein de charme et de grâce, les quatre "voix" dialoguent en douceur.
Le deuxième thème est tragique, "illustration du fait que dans la musique de Mozart, sous une apparente légèreté, le drame est toujours à fleur de peau et couve sous la cendre".
Vidéo de l'andante cantabile
3ème mouvement : Menuetto : allegro
D'une gaieté saine et rude, ce menuet alterne avec brusquerie le forte et le piano :
Mozart reprend dans sa construction un trio, partie centrale du mouvement, dans lequel le premier violon joue un solo chantant et élégiaque :
Vidéo du menuet :
4ème mouvement : allegro molto
Hommage à l'esprit de Haydn dans ce final par son thème initial dont la nature et la construction périodique semblent tout d'abord annoncer un rondo. En fait, il s'agit d'une forme sonate bien construite à partir de trois thèmes, comme dans le premier mouvement.
Thème initial :
Le second thème reprend l'élément rythmique du premier et aboutit à une séquence de virtuosité :
A nouveau un troisième élément, importance du chiffre trois en franc-maçonnerie, plus rêveur, d'une "tendresse intime" suivi d'un trait virtuose.
Relativement court, le développement est fait de multiples modulations toutes plus brillantes et nous emmène simplement vers la réexposition. Une coda d'une virtuosité "à l'éclat presque orchestral clôt ce quatuor sur une note de triomphe".
Vidéo de l'allegro final
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